L’histoire d’une petite bosse devenue grande et de son possible anéantissement

Lors de ma dernière chronique médicale je me suis arrêté à la tombée du verdict le 7 décembre dernier. La rencontre qui eut lieu avec le Dr Rasmi (détail pour Manon) Loungnarath cette journée-là fût assez longue. Car suite au verdict il y a eu comme un long silence. Stéphane et moi étions un peu bouche-bée sans être très surpris à la fois. Je savais bien que quelque chose ne tournait pas rond dans mon petit derrière, aussi joli et menu soit-il.

On fait quoi maintenant ? Très positif, le Dr Loungnarath m’expose le traitement qui existe pour ce type de cancer. Il s’agit d’un protocole de traitement appelé NIGRO, du nom du chercheur qui l’a inventé. C’est une combinaison de traitement de chimiothérapie et de radiothérapie pour une période de 5 semaines. Il y a une chimiothérapie de 4 jours au début du 5 semaines et une autre de 4 jours à la fin. Le tout concurrentiel avec 25 traitements de radiothérapie à raison de 5 par semaine pendant 5 semaines. Taux de réussite : 70%.

« Protocole : n.m. sc. Énoncé des conditions, des règles, etc., de déroulement d’une expérience. Chimiothérapie : n.f. MÉD. Traitement par des substances chimiques. Radiothérapie : n.f. MÉD. Traitement par les rayons X, les rayons y et les radiations ionisantes. »


Vous vous demandez sûrement ce qui arrive avec l’autre 30% . Et bien la réponse n’est pas très agréable. Comme mon cancer est vraiment sur l’anus, c’est-à-dire non-pas dans le rectum ou le côlon mais bien sur le sphincter et que ce dernier est un muscle, on ne peut pas en enlever une petite partie. Si les traitements n’anéantissent pas la petite bosse devenue grande on procède à l’ablation complète (ou devrais-je dire l’extraction) de l’anus en passant par le périnée. Cette opération est appelée PAR (Perineal Anal Resection). Évidemment tout cela implique une colostomie permanente. Pas besoin de vous dire qu’ON ne veut pas ça. « On » n’excluant ABSOLUMENT pas la personne qui vous écrit. Comme je le disais Dr Loungnarath est très confiant et un taux de réussite de 70% c’est très encourageant.

« Sphincter : n.m. : Muscle annulaire qui ferme ou reserre un orifice ou un
canal naturel. Colostomie : n.f. Abouchement chirurgical du côlon à la peau (anus artificiel). »

Nous avons discuté du traitement et je lui ai fait part de mon désir de les avoir dans la région d’Ottawa afin d’être dans ma maison et dans mes affaires. Il n’a manifesté aucune objection en autant que je m'occupe de faire les démarches nécessaires afin de trouver un oncologue et un radio-oncologue dans la région. Il me dit cependant qu’il ne faudrait pas que les traitements débutent plus tard que mi-janvier. Il attend mon appel afin d’envoyer les requêtes de transfert de dossier à qui de droit.

Avant de terminer notre rencontre il me signifie que je devrai passer un "scanner" pulmonaire, abdominale et pelvien afin de s’assurer que ma petite bosse n’a pas décidé de manifesté sa propension à la création et ainsi se mettre à faire des p’tits un peu partout dans mon magnifique body d’éphèbe grec à la peau… bon, bon, bon. On a le droit de rêvez même si on a le cancer. Après-tout elle m’appartient cette bosse donc nous pouvons présumer qu’elle a une forte libido, hérédité paternelle oblige. Je suis fier de toi ma chérie mais ne pousse pas trop d’accord, contrôle tes ardeurs ! Donc je disais qu’il est important de savoir si le foi est atteint car les traitements ne seront pas les mêmes si tel est le cas. Mon foie (ne pas confondre avec « la » foi ou « la fois », sujet d’autres chroniques), en tant qu’aspirateur central de mon corps, ce doit d’être en excellente santé afin de filtrer toute la merde chimique que mon corps devra se taper. Une autre affaire angoissante et stressante, s’assurer que je n’ai pas de métastase ailleurs… Fin de la rencontre avec le Dr Loungnarath.
« Métastase : n.f. PATHOL. Apparition, en un point de l’organisme, d’un phénomène pathologique déjà présent ailleurs. » J’aime bien l’idée de ces définitions. Cela me permet de mettre les bons mots sur les mauvaises choses qui m’envahissent.
Nous sortons du bureau. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer mais les murs semblent tourner un peu autour de ma tête. Stéphane me demande si je vais bien et la réponse est « je ne sais pas ». Tout gentil qu’il est ce cher Stéphane. Il demande à la réceptionniste du département s’il n’y a pas une salle afin que je puisse décompresser. Je lui dis que ce ne sera pas nécessaire. Nous sortons dehors et le bon air frette me fit grand bien. Il faisait très froid cette journée là. Ça garde les idées claires comme disait ma grand-mère.

Toutes ces émotions n’étaient quand même pas venu à bout de mon appétit et de mon portefeuille. Arrêt chez Archambault afin de permettre à Stéphane de bouquiner (un de ses sports favoris) et à moi de décompresser. Tant qu’à être là pourquoi ne pas commencer mes provisions de livres en prévisions de mon arrêt de travail forcés. Toujours aussi prévoyant le p’tit Alain. Ensuite direction DaGiovanni, j’ai faim !

(Allegro non tropo)
DaGiovanni DaGiovianni DaGiovanni DaGiovaaaaaaannnnni !
La meilleure place à Montréal où les repas sont un régal !
C’est DaGiovaaaaaanni DaGiovaaaaaaaanni ! (diminuendo)

Réflexion : Avez-vous déjà rêvé d’entrer dans une machine, un genre d’orgasmatrons et d’en ressortir tout réparé sans rien avoir senti ? C’est ce que j’aimerais en ce moment.

Dr Boivin avait demandé un "scanner" le jour de ma coloscopie courte et le rendez-vous m’avait été donné en mai 2005… Dr Loungnarath m’a expliqué que lorsqu’il y a un cas de cancer et qu’il faut vérifier s’il y a des métastases, le patient devient prioritaire. Ce que je devint, PRIO-RI-TAI-RE. J’aime ça, ça fait important. Quelques jours plus-tard je reçois un appel de ‘pital St-Luc pour me fixer un rendez-vous le 21 décembre pour mon "scanner". Pas trop mal comme délai. Rien pour régler mon stress mais tout de même.

Me voilà donc de retour à Ottawa mon moi-même et ma vilaine bosse entre les deux fesses et quelques devoirs à faire afin de trouver des médecins dans la région pour y avoir mes traitements.

La suite dans une prochaine chronique. J’ai pour but de terminer le récit de mes tribulations pré-traitements d’ici lundi prochain. À ce moment mes chroniques seront consacrées à mon état de santé journalier et/ou autre cocasserie et faits divers.
Gros becs
Alain

Commentaires

Anonyme a dit…
Salut Alain,

Très bien ce "blogue" je vais y référer pour avoir de tes news.

Benoit XX

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Bon matin monsieur finfin et je te souhaite

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